Catherine dit a Jean

Enfant, tellement impressionnée je fûs de vivre dans tant de création que j’en oubliais de m’y intéresser. Je n’ai cherché à comprendre ni la démarche, ni l’inspiration, ni la technique. La distance entre moi et ces formes qui émergeaient périodiquement était naturellement trop grande pour penser à la réduire et à l’appréhender. Tout semblait appartenir à une autre galaxie, celles des artistes. Pourtant, elle semblait à ma portée puisque présente dans ma maison, au quotidien, mais seulement superficiellement puisqu’on ne peut pas toucher la genèse et la mise en oeuvre des idées des autres. On assiste, témoin muet, à leur éclosion, lente, certes, mais rêvée, conçue et voulue.

Ce n’est que bien plus tard, après avoir visité des villes et des musées, rencontré d’autres gens de création, et surtout après avoir fait moi même l’expérience de cette genèse dans un domaine très différent, que la distance s’est amoindrie et que l’artiste est redevenu un homme.

N’ayant exposé que très localement et pas très souvent et n’ayant jamais cherché ni à vendre ni à te promouvoir, tu as malgré tout cherché une écoute et un regard, trouvant les nôtres, bien entendu, mais très, trop distraits et éphémères. Dans un éclair de lucidité un matin d’Octobre 2007, après avoir lu un de tes courriels un peu frustré, l’idée pas très originale m’es venue de faire un livre réunissant les photos de tes sculptures. Adriaan l’a faite naître.

Pour avoir une mesure de ton talent et l’ampleur de ton l’oeuvre, pour ne pas oublier, pour finalement initier une nouvelle rencontre, la nôtre.

Catherine Rabouille 2007