Adriaan dit a Jean

C’est le lendemain de Noël 1989 que je me trouvai en contact avec les sculptures de Jean pour la première fois. J’avais passé un Noël solitaire en Hollande, et je pris le train pour Paris le lendemain matin pour faire connaissance avec la famille de Catherine.

L’appartement du 23 square du Nord m’a fait tout de suite une forte impression. Il semblait à la fois être dans le présent, mais aussi accroché au passé. Le plus remarquable étaient les sculptures qui, à peine entrevues, posaient déjà des questions. Dans mon souvenir, toute la maison en est remplies, mais c’est peut-être parce que Jean avait aussi conçu et réalise tout le mobilier. La pièce la plus bizarre de la maison était ce qui est devenue “notre chambre”, à droite, tout au bout du couloir à coté des toilettes et de la salle de bain. On m’a dit que cette pièce était l’ancien atelier de Jean . C’était une chambre dans une chambre. Pour ouvrir la fenêtre, il fallait en ouvrir une autre. Entre les deux murs, il y avait un vide, ce qui rendait les parois intérieures flexibles et molles. Les deux grandes peintures de la Maternité étaient posées contre le mur, et le plafond était aussi décoré. Que cette pièce eut été le berceau de tant de sculptures m’apparaissait comme évident.

Avec le temps, Jean a expérimenté avec toutes sortes de matériaux et plus tard, avec les couleurs. Ces deux livres donnent un bel aperçu de sa recherche de la forme pure, et des possibilités qu’offrent des matériaux têtus et insoumis à un esprit créatif. Certaines de ses sculptures sont plus éloquentes que d’autres, mais lorsqu’on regarde l’oeuvre de Jean dans son ensemble, la conclusions ’impose qu’il a, presque à chaque fois, réussi à créer la pureté.

Adriaan Oprins 2007